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Recommandations pour la pratique de zazen de maître Keizan (extraits)

Zazen permet de clarifier l’esprit et de s’installer confortablement dans notre propre nature originelle. Cela est appelé le Soi originel et cela révèle la clarté de la terre originelle.

Pendant zazen, à la fois le corps et l’esprit sont abandonnés. Alors zazen est bien au-delà de la forme assise et de la forme couchée. Zazen est libre des considérations du bien et du mal. Il transcende les distinctions entre les personnes ordinaires et les personnes éveillées. Il est au-delà du jugement de ce qui est illusion, de ce qui est égarement, et de ce qui est éveil.

Dans zazen, il n’y a pas de frontière entre les personnes sensibles et les bouddhas. Aussi, laissez de côté toutes les affaires et laisser s’évanouir toutes les associations. Ne faites rien du tout. Les six sens ne produisent plus rien.

Qu’est-ce que c’est ? Cela est sans nom. Ce ne peut être appelé ni le corps ni l’esprit.

Quand vous essayez d’y penser, les pensées s’évanouissent. Quand vous essayez d’en parler, il n’y a plus de mots. Comme un fou, comme un idiot. Cela est aussi haut qu’une montagne, aussi profond que l’océan, sans dévoiler son sommet ni ses profondeurs.

Sa brillance ne peut être pensée, elle ne peut être perçue par l’œil nu. Elle répand l’enseignement en silence. Occupant le ciel et la terre, notre corps entier se manifeste.

Cette personne est d’une grandeur incommensurable. Comme quelqu’un qui a expérimenté la grande mort (le parinirvâna), et dont les yeux ne sont obstrués par quoi que ce soit. Dont les pieds ne reposent sur rien.

Où y aurait-il de la poussière ? Où y aurait-il un obstacle ? L’eau pure n’a ni devant ni derrière. L’espace n’a ni intérieur ni extérieur. Complètement clair, cela brille naturellement.

Avant que la vacuité et les formes ne soient séparées, comment l’objet et la connaissance de celui-ci pourraient-il exister ? Cela a toujours existé et n’a jamais eu de nom.

Le grand maître, le troisième patriarche, l’a temporairement appelé l’esprit. Le Vénérable Nagarajuna l’a provisoirement appelé le corps. Cela est la forme du Bouddha, le corps de tous les bouddhas.

Comme la pleine lune, il n’y a ni manque ni excès.

Le cœur esprit lui-même n’est autre que le Bouddha. Le Soi illumine le passé et le présent. Le cœur esprit originellement a l’aspect du non-deux. Le corps se manifeste en différentes formes. L’esprit seul, le corps seul, ne sont ni semblables ni différents. Le cœur esprit se transforme et devient le corps, et le corps manifeste différentes formes.

Quand une vague se forme, dix mille vagues apparaissent. Quand la discrimination mentale surgit, dix mille phénomènes apparaissent. Cela signifie que quand les quatre éléments et les cinq agrégats se combinent entre eux, les quatre membres (les deux jambes et les deux bras) et les cinq sens se manifestent. Plus encore, les trente-six parties du corps et les douze conditions continuent sans cesse d’apparaître.

Maintenant zazen entre directement dans l’océan de la nature de Bouddha, il manifeste le corps de tous les bouddhas. Le cœur esprit pur et clair se révèle dans ce moment présent. La lumière originelle brille partout.

L’eau de l’océan jamais ne s’accroît ni ne décroît, et les vagues ne cessent jamais. Aussi, les Bouddhas apparaissent dans ce monde pour le salut de l’unique grande affaire, montrant la sagesse de la vision des bouddhas à tous les êtres vivants, et leur permettant de la réaliser.

Pour cela, il y a une voie paisible et pure appelée zazen, le samadhi de l’autoréalisation, le samadhi roi des samadhi. Si vous demeurez dans ce samadhi, ne serait-ce qu’un court moment, vous pourrez clarifier directement votre cœur-esprit ; vous pourrez alors connaître qu’il s’agit de la porte authentique de la Voie de Bouddha.

Ainsi, le cœur-esprit est comme l’eau de l’océan et le corps comme les vagues. Comme il n’y a pas de vague sans eau, et pas d’eau sans vague, l’eau et les vagues ne sont pas séparées, le mouvement et l’immobilité ne sont pas différents. Aussi est-il dit : « La personne authentique va et vient, vit et meurt, réalisant le corps éternel des quatre éléments et des cinq agrégats. »

Si vous souhaitez clarifier la terre du cœur esprit il vous faut renoncer à la connaissance discriminante et aux interprétations. Rejetez les affaires mondaines comme les préceptes bouddhiques et abandonnez tout attachement. Quand se manifeste l’authentique cœur esprit, les nuages de l’égarement s’apaisent et le cœur esprit devient aussi clair que la lune nouvelle.

Le Bouddha a dit : « Écouter et penser c’est comme se tenir à l’extérieur de la porte. Zazen c’est s’asseoir calmement dans sa propre demeure. »

Que cela est vrai ; car écouter et penser perpétuent les points de vue partisans, laissant le cœur esprit dans le désarroi, juste comme rester en dehors de la porte. Zazen seulement ramène toutes choses au repos, volant librement il atteint toutes choses, tous lieux.

Les cinq obstructions (obstacles à la meditation) qui nous égarent proviennent de l’ignorance. L’ignorance est de ne pas clarifier le Soi originel. Même si les cinq obstructions sont éliminées, si l’ignorance n’est pas éliminée, vous n’êtes pas un bouddha patriarche. Si vous voulez éliminer l’ignorance, la pratique du zazen de la Voie est la clé. Un ancien a dit : « Quand la confusion cesse, la tranquillité apparaît, quand la tranquillité apparaît, la sagesse s’élève, quand la sagesse s’élève, la Réalité est vue. »

Pour éliminer la confusion, vous devez cesser de juger du bien et du mal, et abandonner les affaires karmiques qui vous embrouillent. Que votre esprit soit sans pensée, votre corps sans activité. C’est le point le plus important. Quand les attachements illusoires cessent, l’esprit qui s’égare disparaît. Quand l’esprit qui s’égare disparaît, le Réalité se manifeste d’elle-même et vous êtes toujours clairement éveillé à celle-ci. Cela n’est pas l’extinction, cela n’est pas l’activité. […]

Demeurant toujours au sein de la grande compassion, dédiez les mérites incommensurables du zazen à tous les êtres sensibles. Ne soyez pas arrogant ou fier de vous-mêmes et de votre compréhension du Dharma. Être arrogant est la voie des non bouddhistes et des ignorants. Rappelez-vous du vœu de mettre fin à l’égarement et de réaliser l’Éveil. Juste s’asseoir et ne rien faire est le moyen essentiel de pénétrer le zen. Lavez toujours vos yeux et vos pieds, gardez votre corps et votre esprit tranquilles et conservez un maintien digne. Renoncez à la fois aux attachements mondains et aux attachements à la Voie.

Bien que vous ne deviez pas être avare avec le Dharma, ne donnez pas d’explications sur celui-ci à quiconque à moins qu’on vous ne le demande. Ensuite, laissez la personne qui vous questionne demander trois fois et ne répondez que si la quatrième question vient du cœur. Sur dix choses que vous souhaitez dire, restez silencieux sur neuf. Comme si vous aviez de la moisissure autour de la bouche. Soyez comme un éventail en hiver, ou comme une cloche qui sonne au gré du vent, indifférent à sa direction. Ainsi est la personne de la Voie. N’utilisez pas le Dharma pour profiter des autres ou pour vous rendre important. C’est le point le plus important à garder à l’esprit […].