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Le chant de la hutte de paille de Sekitô Kisen

Version française de Dôkan Crépon

J’ai achevé une hutte de paille, sans rien de précieux ;
Ayant fini ma soupe de riz, tranquillement, je prends plaisir à m’allonger.

Dans cet accomplissement je perçois les nouvelles herbes pousser alentour ;
Quand la hutte s’abîmera, je la couvrirai de paille à nouveau.

Celui qui habite la hutte demeure constamment dans le calme ;
Il ne dépend ni de l’intérieur, ni de l’extérieur, ni de ce qui est entre les deux.

Les lieux où habitent les hommes, je n’y habite pas ;
Les lieux qu’aiment les hommes, je ne les aime pas.

Quoique petite, la hutte contient la réalité ultime ;
Sur dix pieds carrés le vieil homme comprend l’aspect et la nature des choses.

Un bodhisattva du Grand Véhicule possède une foi sans doute ;
Les adeptes des Petit et Moyen Véhicules le savent mais cela leur paraît étrange.

Demandez à celui qui est dans la hutte : cela s’abîmera-t-il ou non ?
Détérioré ou non, le principe originel y est présent.

Ne demeurant ni au sud, ni au nord, ni à l’est, ni à l’ouest,
Englobant toutes choses, son fondement est solide.

Une fenêtre lumineuse sous les pins bleus,
Le temple de jade ou la tour de cinabre ne sauraient lui être comparés.

La tête couverte de mon habit, tout est au repos ;
À ce moment-là, ce moine des montagnes ne rencontre plus rien.

Quand je demeure dans la hutte, le repos me délie ;
Qui vanterait le siège universel pour soudoyer quelqu’un.

Retourner à l’ordinaire, c’est tourner la lumière et la réfléchir ;
Pénétrer la vaste et merveilleuse origine, ce n’est ni se tourner vers elle ni s’en détourner.

Rencontrez les maîtres patriarches, soyez proches de leur enseignement ;
Nouez les herbes pour faire la hutte et n’abandonnez pas.

Laissez passer cent années, refusez toute occupation et relâchez-vous entièrement ;
Ouvrez les mains, avancez naturellement et ne faites pas le mal.

Mille paroles, dix-mille compréhensions ;
Vous avez seulement besoin de l’enseignement clair des anciens hommes accomplis.

Vous voulez connaître l’immortel dans la hutte ;
Quitteriez-vous maintenant votre sac de peau ?